L’orage menaçait, hier au soir, tandis que, au-delà de La Palud et du Point Sublime, nous passions d’un belvédère à l’autre, nous émerveillant une fois de plus du spectacle exceptionnel qui nous était offert. Assombries de violet, les falaises vertigineuses plongeaient vers le filet vert du Verdon et nous, bien vite et quelque peu inquiets, vers Moustiers Sainte Marie et l’abri providentiel de notre hôtel. Et les premières gouttes s’étaient écrasées sur la petite ville renommée pour sa faïence ancestrale. Et ce matin, c’est dans une atmosphère claire et purifiée que nous entamons l’ascension vers la Corniche Sublime. C’est avec une pointe de nostalgie que nous retrouvons Aiguines, les toits aux tuiles vernissées de son château carré. Nous y avions dégusté un excellent repas, il y a déjà 9 ans ! « Dernière station d’essence avant 30 km – N’oubliez pas de faire le plein ! » Tout un programme… mais, par bonheur, les voitures sont encore rares, à cette heure précoce ! Déjà se dessine un paysage de haute montagne, bien que nous soyons encore à moins de 1000 mètres d’altitude. A gauche, la route est bordée de fantastiques aplombs. Tout en bas, le torrent trace un fascinant serpentin d’un bleu irréel. A l’horizon, chatoyants dans l’azur du ciel, les sommets dénudés de la montagne de Lure. Nous avons sous les yeux un véritable manuel de géographie grandeur nature ! Voici le point culminant : la route domine le Cirque de Vaumale où, déjà, semble se desserrer les lèvres des Gorges. La Falaise des Cavaliers nous donne l’occasion d’une énième halte-contemplation avant la suivante, inoubliable encore, aux Balcons de la Mescla, suspendus au-dessus du confluent du Verdon et de l’Artuby. Bleu ou vert-jade ? Nous n’avons toujours pas tranché, mais superbe à l’unanimité. Et une autre perle est encore sur notre chemin, avant que nous ne remontions le Jabron vers Comps-sur-Artuby : Trigance, village bien préservé, accroché à flanc de colline sous les ruines de son château aux rondes tours. (Jacques Lacroix)