Les "Ruhebaenk" ou bancs reposoirs avaient été initiés en 1811 sousle premier empire par le préfet Lezay-Marnésia pour être plantés de demi-lieue en demi-lieue soit environ tous les deux kilomètres, à l'usage des voyageurs et des cultivateurs. Ces reposoirs ont été qualifiés du nom de bancs de l'empereur ou bancs Napoléon. Une deuxième campagne de construction de ces lieux fut entamée en 1854 et les bancs prirent alors le doux nom de bancs Eugénie (Uchénie chez nous) en souvenir de son mariage en 1853 avec l'empereur Napoléon III. La plupart de ces lieux ont disparu depuis de nombreuses années, victimes du modernisme. Une fièvre soudaine poussales autorités à couper les majestueux arbres qui ombrageaient les petites routes menant de village à village. Les bancs reposoirs n'ont guère résisté plus longtemps. Certains, faute d'entretien, présentaient un aspect de désolation avancée, d'autres n'ont su s'accorder de l'élargissement des routes ou de l'inutilité à laquelle les avaient condamnés la généralisation des transports motorisés. En leur temps ils étaient très prisés par le paysan ou sa femme qui se rendaient à pied au marché du bourg le plus proche pour y vendre, qui une volaille, des œufs, du beurre, qui un porcelet ou encore les divers légumes et fruits que dame Nature leur prodiguait. A mi chemin entre deux villages on s'arrêtait, déposait son panier (souvent porté sur la tête), son sac ou son baluchon sur la pierre supérieure et s'asseyait sur la traverse inférieure, à l'ombre des arbres qui avaient été plantés à cet effet. Le voyageur aussi y trouvait un moment de repos et il n'était pas rare qu'il y fasse des rencontres. Que de nouvelles échangées sur ses pierres, que d'unions scellées à l'ombre des arbres et que de transactions faites ou d'emplois trouvés lors de ces repos bienfaisants.