La Sioule, cette paisible petite rivière, surprend son monde. Régulée par deux importants barrages, elle s’épanchera en de larges méandres, rassemblant ses forces, avant de bondir, épaulée de sept affluents, et tailler dans la roche les profondes et spectaculaires gorges de la Sioule. Avant même le premier coup de pédale, vous pourrez assouvir votre soif de BPF en découvrant les trésors d’Orcival, dont la basilique du XIIe, un des joyaux de l’art roman auvergnat, et le château de Cordès. À moins d’avoir bien étudié le parcours, la surprise est de quitter Orcival par le sud, face aux monts Dore. Mais bientôt vous leur tournerez le dos en virant de bord pour prendre le cours de la Sioule, l’accompagner dans sa descente vers Saint-Pourçain, et avec elle, rejoindre l’Allier. Née près du lac de Servières, dans les monts Dore, cette petite rivière discrète dévale tranquillement les contreforts du Massif central, parfois même elle vous échappera pour réapparaître plus loin, grossie du Sioulot et du Sioulet, et alimenter les barrages des Fades et de Queuille. Aux Ancizes, n’oubliez pas de valider votre deuxième BPF du jour avant de retrouver la rivière indolente, qui promène son embonpoint en formant de majestueux méandres, dont celui de Queuille, qui vous coûtera un petit détour de vingt kilomètres, indispensable pour une magnifique vue aérienne. Devant le viaduc ferroviaire des Fades, le plus haut de France, la route s’élève vers Saint-Gervais-d’Auvergne, s’écartant un peu du cours de la Sioule. Après une belle descente de 7 km, vous atteindrez Châteauneuf-les-Bains, cité thermale aux eaux réputées depuis l’Antiquité, étape idéale si vous prévoyez de réaliser ce parcours en deux jours. Vous pourrez y déguster une belle truite fario, très présente dans la Sioule, et pourquoi pas vous offrir quelques soins à l’espace bien-être ! La rivière est prête à en découdre avec les monts chaotiques qui se présentent maintenant. Aidée de quelques affluents, revigorée, elle force le passage en sculptant, entre le pont de Menat et les murailles de Chouvigny, des gorges spectaculaires. Après Lisseuil, les gorges se resserrent et la route parvient de justesse à se faufiler entre la rivière et le Château-Rocher, encore appelé château fort de Blot-le-Rocher, château médiéval en ruines, situé à 438 m d’altitude, sur une falaise de 150 m qui surplombe la Sioule. Son objectif était la surveillance de la vallée de la Sioule et du pont de Menat, lieu de passage entre l’Auvergne et le Bourbonnais. Puis vous allez, sans même vous en rendre compte, quitter les gorges de la Sioule, qui sont dans le Puy-de-Dôme, pour entrer dans celles de Chouvigny, situées, elles, dans l’Allier. N’oubliez pas de lever les yeux vers, à droite, le roc Armand, puis tout de suite après, sur votre gauche, le château de Chouvigny du XIIIe qui a appartenu à la famille de La Fayette. Ce château se visite. Si vous décidez d’y monter, vous aurez une vue panoramique sur la vallée de la Sioule. Ébreuil, Mazerier, Saint-Pourçain se trouvent sur la « route des églises arc-en-ciel », trésor inestimable du Moyen Âge roman et gothique, ainsi que Jenzat, où les fresques murales des XIIIe et XIVe siècles – dont une représentation réaliste d’hommes en prière portant les stigmates de la peste – sont très bien conservées. Ce bourg est aussi la capitale mondiale de la vielle, où la Maison du Luthier vous dévoilera, à travers les instruments et les outils, les secrets de quelques facteurs renommés. Les derniers kilomètres de cette randonnée vous conduiront le long du vignoble de Saint-Pourçain, dont l’histoire remonte, paraît-il, avant les Romains… C’est ce que vous découvrirez au musée de la Vigne et du Vin qui vous conte deux mille ans d’histoire, non seulement du vignoble, mais aussi de la ville de Saint-Pourçain-sur-Sioule. C’est presque fini, la rivière en a terminé de son parcours solo, elle va maintenant grossir l’Allier, puis la Loire, avant de traverser Nantes où les saumons, déjà, se rassemblent…