A Bagnères-de-Luchon, "la ville des eaux qui chantent et qui dansent", comme l'écrivit Edmond Rostand, coulent effectivement la Pique descendue des hauteurs de Venasque et l'One, son jeune affluent issu du Larboust. Ils unissent leur brève destinée sur une quinzaine de kilomètres pour rejoindre la Garonne à hauteur de Cierp et de Marignac. Ainsi allez-vous faire au départ d'un périple qui ne vous ramènera à Luchon qu'au prix du franchissement du Portillon, passage obligé entre le Val d'Aran espagnol et le vallon de Burbe sur le versant français. Départ facile à tous égards : profil tout en douceur et bande cyclable en marge de la grande route, le tout assorti d'un vent de vallée favorable aux premières heures matinales. Toutefois, par beau temps, ce même courant d'air s'inverse vers midi. Il vaut mieux le savoir... Au rond-point de Cierp, changement de cap vers la droite. Votre route en amont de Marignac va s'insinuer vers St-Béat et l'Espagne au gré d'une ombreuse étroiture empruntée en semaine par de nombreux camions espagnols transitant vers le Gers pour y charger le grain à destination des élevages industriels de Catalogne et d'Aragon. Il faudra bien cohabiter sur une dizaine de kilomètres jusqu'à l'entrée de Fos où, dans un rond-point, il convient d'éviter la moderne déviation pour retrouver le calme en traversant le village. C'est deux kilomètres en amont de Fos que se trouve la frontière, au niveau de l'historique Pont-du-Roy évité sur la droite par la chaussée moderne nantie désormais d'une sur-largeur qui vous permettra de remonter la Garonne avec plus de sérénité jusqu'à Lés et Bossost, au pied du Portillon. A la sortie de Bossost, vous y voilà : huit kilomètres d'une pente continue, sérieuse sans être brutale, vous mèneront au seuil salvateur au gré de lacets espacés ménageant de photogéniques perspectives sur le Val d'Aran, cependant que les derniers kilomètres, plus encaissés, vous offriront les ombrages d'une sapinière. Au col, c'est le retour en France en une raide plongée au creux du val de Burbe débouchant, presque sans transition, sur les premières maisons de Luchon et les eaux retrouvées de la Pique. La boucle sera bouclée !